Ce [**CDEN*] est l’occasion de faire un premier bilan de cette rentrée scolaire, et contrairement à ce que tente de laisser penser le Ministre dans les médias, elle n’a pas été une rentrée ordinaire, tant du point de vue sanitaire que de l’impréparation ministérielle.

Alors que, dans certains territoires, des mesures drastiques sont prises concernant les cafés, les restaurants, les salles de sport, etc, le protocole de l’Éducation Nationale est, lui, allégé, le jour de carence, dont la logique conduit les agent-es à minorer leurs symptômes, est rétabli, et aucun adulte supplémentaire ne vient soulager des personnels épuisés et en état de tension extrême quelques semaines seulement après la rentrée.
– Ne pas reconnaître que les conditions d’exercice des missions sont rendues plus difficiles par la crise sanitaire, prétendre que « tout est normal » et que tout peut fonctionner comme si de rien n’était relève du déni de réalité et confine à un mépris des missions des personnels qui doit impérativement cesser.

Pourtant, comme chaque année, les acteurs de la communauté éducative et notamment les enseignant-es ont été au rendez-vous. Au rendez-vous malgré les consignes ministérielles reçues au compte goutte et dont les dernières, tant attendues, sont arrivées le vendredi 28 août à 21h.

Rapidement après la rentrée, des classes ont fermé suite à des détections de cas de coronavirus.
Certaines ARS ont aussi placé des enseignants à l’isolement car selon elles, les masques qui leur étaient fournis n’étaient pas assez protecteurs. Il semblerait qu’en plus ils soient nocifs ( la zéolithe d’argent) !

L’objectif du gouvernement étant de ne pas fermer de classes, les règles ont encore évolué en cours de route, fixant désormais le nombre de 3 cas positifs dans une même classe pour la fermer.
Il y a donc moins de classes fermées, mais la circulation du virus continue et s’amplifie. Des restrictions mises en place dans de nombreux secteurs, ne concernent donc ni les écoles ni les collèges. Pourtant, les établissements scolaires sont placés en tête des clusters (et pas juste les universités). Vous comprendrez que cela n’a rien de rassurant, et que cette rentrée ne se fait pas dans la sérénité...

Pour la suite, nous espérons bien entendu que la situation sanitaire va s’améliorer, mais si ce n’est pas le cas et qu’elle se détériore, que se passera-t-il ? Le ministère se prépare-t-il, cette fois-ci sérieusement à un enseignement hybride ?
– Pour la FSU, cela signifie des primes d’ équipement pour les personnels enseignants, l’accompagnement des personnels en difficulté pour mettre en place cet enseignement, l’équipement des familles, une communication en amont, des consignes et des moyens pour réussir cette nouvelle phase d’enseignement...

Sur le plan matériel, cette crise a mis en exergue l’état d’un certain nombre d’écoles contraire à la règlementation, le manque de points d’eau chaude, de lavabos, de distributeurs de serviette en papier...
Les écoles auraient dû être équipées de distributeur de gel, d’essuie- mains jetables ou encore de purificateurs d’air comme c’est le cas en Allemagne. Mais encore une dépense qui doit être superflue ! ou qui souffre de l’absence de consignes ministérielles à destination des collectivités cet été.
– Une partie du plan de relance concerne les bâtiments des collectivités. Nous demandons que cela ne concerne pas que les économies d’énergie, mais que cela soit enfin l’occasion que chaque école soit conforme aux normes sanitaires.

A présent attardons- nous sur l’aspect pédagogique de cette rentrée.
La seule réponse du ministère face aux disparités des élèves dues au confinement est de promouvoir les désormais fameuses évaluations de septembre. Alors que les élèves ont vécu depuis le mois de mars une scolarité particulièrement bouleversée, la rue de Grenelle fait comme si de rien n’était et a maintienu le calendrier de début d’année des évaluations pourtant déjà fortement remises en cause en temps ordinaire par la communauté enseignante et scientifique.
– Pourquoi le ministre s’évertue à cadenasser la pédagogie dans la classe en imposant ces évaluations au lieu de donner la main aux équipes pour évaluer au plus près de la réalité des apprentissages des élèves, des progressions dans les classes ?

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Pour la FSU, la réponse pédagogique est tout autre*].
– Le hasard fait que ce CDEN a lieu aujourd’hui mercredi 14 octobre, journée nationale d’action pour les RASED, réseaux d’aide spécialisée aux élèves en difficulté. Ces réseaux sont composés d’enseignants spécialisés et de psychologues scolaires qui permettent la scolarisation dans de bonnes conditions des élèves les plus fragiles grâce à un travail collectif d’observation, d’analyse en limitant l’externalisation et la médicalisation.
Après les suppressions massives sous la présidence de Nicolas Sarkozy, les RASED n’ont jamais été réabondés. Des vacances de postes se poursuivent dans ce qu’il reste de RASED alors que les besoins sont importants, notamment en cette période de crise sanitaire, et que ce dispositif mériterait d’être renforcé au regard du creusement des inégalités.
Un rapport de la Cour des comptes préconise de créer un service de santé scolaire incluant les psychologues de l’Éducation nationale. Ce projet placerait les psychologues hors l’école. De plus, il empêcherait la réalisation d’une grande part de leurs missions, dont la prévention. Ce serait un pas supplémentaire vers la disparition des RASED. Pourtant les RASED sont encore là ! Et aujourd’hui, il faut faire entendre leur voix avant qu’il ne soit trop tard. C’est pourquoi le SNUipp-FSU engage avec le collectif RASED, une campagne pour la défense et le développement des RASED et demande une audience au ministère et vous appelle à signer la carte pétition [**que vous trouverez sur nos sites nationaux et départementaux.*].

– Une autre piste aurait pu être, à l’instar de ce qui a été fait en Italie, d’embaucher massivement des personnels (enseignants, infirmières et médecins scolaires). On aurait pu ainsi réduire le nombre d’élèves par classe, ce qui aurait été bénéfique à la fois au niveau sanitaire et au niveau pédagogique. Un certain Ministre avait lui-même dit que si le virus circulait activement, des demi-groupes seraient mis en place et que c’était une bonne chose pédagogiquement. Nous étions d’accord avec lui sur ce point-là, mais ses paroles n’ont pas été suivies d’actes...

Le plan de relance, pas plus que le futur budget de l’Education Nationale, ne semblent indiquer que ce sera le cas dans un futur proche.

[*A propos de la carte scolaire à l’ordre du jour de ce CDEN,*] vous allez faire, Monsieur le Directeur Académique, des propositions, avec peu de moyens. Au regard des situations dont nous avons connaissance, cela va s’avérer totalement insuffisant, notamment sur la question du remplacement, qui est à flux tendu depuis les premiers jours de l’année scolaire et alors que l’on peut craindre des besoins de remplacement accrus en raison de l’épidémie de coronavirus. .
Par ailleurs, le déficit d’enseignants par rapport au nombre de postes à pourvoir vous a conduit à recruter des personnels contractuels, ce qu’il faudra probablement faire plusieurs fois au cours de l’année scolaire. La FSU redit ici son opposition au recours aux contractuels, personnels précaires, non formés... et demande a minima des recrutements sur liste complémentaire.

Pour toutes ces raisons,cette rentrée, malgré ce qu’en disent certains, n’a rien d’ordinaire et nous aurions souhaité que des moyens supplémentaires soient attribués pour y faire face.

[*Dans le second degré aussi, la rentrée 2020*] se fait dans un contexte très particulier qui génère de la fatigue et de l’inquiétude pour les personnels sans que notre administration ne s’en émeuve. Les salles de classe sont souvent surchargées et il n’est plus question de distanciation sociale.
Le port du masque imposé aux élèves de collèges et de lycées peut-il véritablement protéger de la contagion avec une telle promiscuité ? Même les élèves n’y croient pas et portent parfois le masque avec un certain dilettantisme. On échange des affaires, on récupère des copies, on donne des photocopies alors qu’ailleurs on vide les distributeurs de prospectus pour éviter la contagion.
– Quant au port du masque pour les professeur.es, il s’impose comme à tous les salariés mais combien d’entre eux doivent faire porter leur voix toute la journée pour se faire entendre ? Des effectifs réduits auraient pu être une solution, à défaut, des micros seraient envisageables mais là encore, il faut dépenser de l’argent. Le ministère n’apporte aucune réponse à cela.
– Il n’y a pas eu non plus de dotation particulière pour permettre des dédoublements, assurer des cours de rattrapages sur des notions non étudiées l’année dernière, aider les élèves les plus en difficulté.
Bien au contraire, le ministère parle encore de « continuité pédagogique » sans aucun allègement de programme. A qui peut-on faire croire que les élèves, avec quelques séances de « diagnostic » et de « remédiation » (prises évidemment sur les heures de cours), pourront à la fois rattraper le retard accumulé en terme de savoir et de méthode et continuer à assimiler les notions et les exigences nouvelles du programme ?
Il laisse seuls les personnels pour supporter tous les problèmes liés à cette situation, ce qui génère de l’anxiété pour beaucoup de collègues. Il les surcharge de travail en remettant une deuxième HSA non opposable dans leur emploi du temps hebdomadaire soit au moins 3 heures de travail en plus et il prétend leur faire faire encore plus d’heures supplémentaires et de missions complémentaires, conditions sine qua non pour une revalorisation.

Des moyens qui se réduisent, une réforme des lycées et du bac faite sans réflexion ni concertation, une crise sanitaire imposant un protocole qui n’a manifestement pas anticipé les conséquences sur les conditions de travail des personnels, voilà le bilan de la rentrée dans le second degré.
Le ministre profite de cette crise pour avancer ses pions dans « l’école du 21ème siècle » où le numérique viendrait suppléer le manque d’enseignant.es. Ce n’est pas l’ambition que porte la FSU pour l’école de demain.

On aurait pu penser que la gestion de l’épidémie conduirait à une attention toute particulière portée aux services publics. Avec 20% de l’emploi en France, l’accueil de millions d’usagers-es, élèves, étudiant-es, ils sont un enjeu majeur en termes de circulation et de regroupement de personnes. Sans compter, bien entendu, qu’ils soignent, éduquent, cultivent, font progresser les connaissances, entretiennent, assurent la sécurité, contribuent à faire fonctionner et à réparer la société, toutes fonctions essentielles en temps ordinaire, vitales dans la situation que nous connaissons.
[**Pour la FSU, solidarité et justice sociale doivent guider nos actions, davantage encore en période difficile et les services publics en sont les garants.*]

Déclaration préalable de la FSU, CDEN du 14 octobre 2020