Ce CSAD se déroule en pleine mobilisation contre le projet de contre-réforme des retraites porté par Emmanuel Macron et rejeté par une très large majorité des salarié·es. Les personnels de notre ministère majoritairement en grève ont participé massivement aux manifestations pour dire non à cette contre-réforme - ni allongement de la durée de cotisation, ni report de l’âge de départ- mais aussi pour exprimer leur colère face au manque criant de considération qui n’a duré que trop longtemps.

Neuf mois après son entrée en fonction, le ministre de l’Education Nationale multiplie les signes d’une continuité toujours plus forte avec la politique éducative néfaste menée par son prédécesseur. L’absence de reconnaissance des personnels s’accompagne d’un désinvestissement. Les réformes éducatives accentuent le caractère ségrégatif de notre système éducatif.

[*Dans un contexte de pression historique sur les salaires, il décide de ne pas revaloriser les salaires de tous·tes les enseignant·es de 10 %*], alors que le Président E. Macron l’avait annoncé pour tous et toutes. En proposant aux enseignant·es de rentrer dans un « pacte », il s’entête dans la doctrine du « travailler plus pour gagner plus », alors que les enseignant·es travaillent déjà au-delà des 35 heures. Loin du “choc d’attractivité” annoncé, ils et elles ont aujourd’hui perdu l’espoir d’être considéré-es comme de véritables professionnel-les et d’être revalorisé-es à leur juste valeur. Les dernières annonces (72h supplémentaire, les PE qui devraient intervenir au collège…), sont des provocations que la FSU ne peut tolérer. Aujourd’hui nos collègues ont besoin de travailler mieux, dans de meilleures conditions et dans le respect de leur liberté pédagogique.

Seules ces conditions permettent de lutter contre les inégalités scolaires grandissantes et favorisent la réussite de tous les jeunes. L’institution doit donc enfin reconnaître ses personnels et les rémunérer à leur juste valeur, sans contreparties de missions ou de tâches supplémentaires.

[*D’un autre côté, après moultes déclarations d’intention*], d’une part sur le dialogue social, d’autre part sur le fait que les enseignantes et enseignants pourraient innover librement et sans contrainte, le ministre publie quatre notes de service au BO du 12 janvier, dont l’objectif est de rompre avec les programmes nationaux et de renforcer le contrôle des pratiques enseignantes. Cette politique éducative, loin de représenter une rupture, accentue le resserrement sur les « fondamentaux » et le pilotage autoritaire notamment par les évaluations nationales qui sont élargies au CM1 et à la 4e. Elle manifeste une vision idéologique de l’école qui conduit au renforcement d’inégalités scolaires socialement marquées, et à la mise sous tutelle des métiers de l’Éducation nationale.

L’annonce de la suppression de la technologie en 6ème en est aussi un exemple. Cette décision n’a été ni présentée, ni discutée dans aucune instance de dialogue social avec les organisations représentatives.
Sa suppression retirerait aux élèves la possibilité de découvrir une nouvelle dimension de la technologie ancrée dans les sciences et techniques.
Cette décision confirme que ce sont bien des logiques budgétaires et de ressources humaines (suppressions d’emplois et pénurie de professeurs de technologie) qui ont guidé cet arbitrage avant même toute considération pédagogique. Le complément possible pour les élèves se ferait sur le renforcement mathématiques-français, assuré par des PE. Celles et ceux qui s’engageraient dans ces heures de soutien le feraient sur la base du volontariat et en heures supplémentaires. Il fallait bien en effet trouver des missions pour les enseignant-es du 1er degré qui en font déjà beaucoup (43h en moyenne de temps de travail).
La principale finalité de la mesure n’est donc pas la réussite des élèves mais de donner corps à une “gestion des ressources humaines” dans le cadre du pacte. Pour la FSU, c’est non.

[**Pour la FSU,*] c’est pourtant l’ensemble des programmes qu’il faut enseigner. C’est une culture commune construite sur un réseau de savoirs et de compétences qu’il faut développer. Elle doit permettre aux jeunes de quitter le système éducatif avec les clés de compréhension du monde, avec les moyens de continuer à se former, leur permettre l’émancipation et la participation citoyenne.
–
Le fossé continue donc de se creuser entre le ministre et le terrain.

[*
C’est dans ce contexte que la rentrée 2023 se prépare*] avec la suppression de 1177 postes à la rentrée prochaine dans le premier degré, une première depuis 2012, alors même que les effets de la crise sanitaire n’ont été pris en compte d’aucune manière. Ce sont aussi 481 suppressions dans le second degré qui s’ajoutent aux 8 381 emplois supprimés depuis six ans. C’est ainsi que notre académie se voit taxée de 42 postes dans le 1er degré.
A la prochaine rentrée, pour 83 élèves en moins, le département perdra quatre postes auxquels se rajouteront ceux qui serviront à faire les nécessaires ouvertures. L’an passé pour une prévision à la baisse de près de 300 élèves, le nombre de postes avait été maintenu. Quelle est la logique ?
– [** Pour la FSU,*] la baisse démographique doit permettre d’avoir des postes supplémentaires permettant de reconstruire des réseaux d’aides complets avec des personnels spécialisés, de recruter des enseignantes et enseignants remplaçants, de donner enfin les moyens pour une inclusion de qualité, de restaurer les « plus de maîtres que de classes », de former et rémunérer davantage les PE…
– [**C’est à ces conditions que l’école pourra remplir sa mission de faire réussir tous les élèves.*]

Déclaration FSU du Gers, CSAD du 6 février 2023